1 mars 2011

La Place de l'Homme



Crédit photo : Montréal & ailleurs 2008


Par Geneviève Proteau et Nicolas Bernier

L’Homme de Calder est un stabile, c’est-à-dire une sculpture posée de façon stable sur le sol faisant opposition aux œuvres mobiles associées à l’artiste Alexander Calder. Cette œuvre tridimensionnelle en acier inoxydable a été commandée par l’International Nickel Company dans le cadre de l’Exposition Universelle de Montréal en 1967, puis léguée à la ville à la fin de l’Expo.
  
L’Homme de Calder est aujourd’hui situé sur le belvédère de l’île Sainte-Hélène face au Vieux-Port, au Vieux-Montréal, au centre-ville et au mont Royal. Cette place telle qu’on la connaît actuellement est prise d’assaut l’été par les fervents de musique électro lors des Piknic Électronik dominicaux. Elle a été aménagée en 1991 lors des travaux de mise en valeur du Parc des Îles qui avait été laissé à l’abandon depuis la fin de l’Expo 67. Le stabile fut ainsi déplacé de la rive-sud de l’île pour être implantée sur la rive-nord.

Le réaménagement de l’île Sainte-Hélène fut influencé par le « Townscape Movement », qui par la combinaison de références historiques (Expo 67) et autres éléments décoratifs se veut une façon de recréer un paysage significatif dans la ville tout en redonnant un sens et une identité aux espaces publics. Le mouvement reprend par ailleurs les idées des architectes de paysage tel que Frederick Law Olmsted, que l’on associe grandement au courant City Beautiful à la fin du 19e siècle. C’est entre autre ce dernier qui fut à l’origine de la conception du parc du mont Royal dans les années 1870. Le parc du mont Royal et le parc de l’île Sainte-Hélène furent de ces grands parcs qui, à la même époque, ont marqué le développement de Montréal en termes d’espaces publics et qui sont devenus par la suite des emblèmes pour la ville.

Le concept du réaménagement se veut une mise en valeur à la fois de l’aspect naturel et pittoresque du site tout en soulignant le contraste entre la nature et la ville comme Olmsted le projetait à l’époque de la conception du mont Royal. Ainsi, pour marquer ce contraste, le belvédère des îles, au même titre que celui du mont Royal, donne une vue saisissante sur le centre-ville. La relocalisation de l’Homme de Calder au centre de ce belvédère rehausse d’autant plus ces vues et contrastes offerts à l’observateur :

« Les formes métalliques agencées instaurent une structure qui définit les vides et les contre-pleins, faisant des arches et des enjambements un endroit qui invite à le traverser physiquement. Le positionnement du stabile fait en sorte, que ses longs jambages cadrent des vues intéressantes du site, comme celle du centre-ville ou du Dôme de Buckminster Fuller [Biosphère] » (Langevin, 2007 : 31).

Enfin, l’événement de l’Expo 67 fut une vitrine internationale sur Montréal qui engendra un développement et une reconnaissance allant au-delà des limites de l’exposition elle-même. Montréal avait alors une identité aux yeux du monde et l’aménagement de la Place de l’Homme comme témoin de l’événement passé rend hommage à cette époque marquante dans l’histoire de la ville. Cela s’apparente ainsi à la vision de l’espace public dans l’urbanisme post-moderne tel que décrit par Charles Moore : « To make a place is to make a domain that helps people know where they are and by extension who they are» (Ellin, 1996 : 47).

Références

Desjardins, Maude, sous la direction de Nicole Vallières(2000). Sous le ciel de la métropole : les parcs de Montréal [En ligne] www.mccord-museum.qc.ca/scripts/explore.php?Lang=2&tableid=11&tablename=theme&elementid=115__true&contentlong (consulté le 15 février 2011)
Ellin, Nan (1996). Postmodern Urbanism – Revised Edition (1999). Princeton Architectural Press. New York. 368p.
Langevin, Marie-Claude (2007) « Art public et conservation : déplacement et mise en valeur de sculptures contemporaines d’art public ». Mémoire de maîtrise, Montréal, Université du Québec à Montréal, 131p.
Laplante, Jean de (1990). Les parcs de Montréal, des origines à nos jours, Montréal, Éditions du Méridien, 256 p.
Marsan, Jean-Claude (1994). Montréal en évolution : historique du développement de l'architecture et de l'environnement urbain montréalais, Laval, Éditions du Méridien, 515 p.
Raynaud, Michel-Max et Wolff, Pauline (2009). Design urbain : approches théoriques. Volume 1, approches historique et conceptuelle.Montréal, Université de Montréal / Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier.
Secrétariat général de la Ville de Montréal (1993). Plan directeur de mise en valeur et de développement du Parc des Iles, Montréal, 90 p.

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