8 mai 2012

La place Smith : du nouveau à Griffintown !


Par Martin Côté et Mohammad Moghaddam

Image : Martin Côté et Mohammad Moghaddam

Tout d'abord, une petite localisation s'impose; la place Smith est inscrite dans le quartier montréalais du Sud-Ouest plus spécifiquement dans Griffintown. Elle est bordée par la rue Willington au nord, traversée par la rue de la Commune et suit le trajet de l'ancienne rue Smith. La revitalisation de cet espace urbain s'encastre dans le cadre d'une volonté de la ville à redynamiser le secteur. En effet, ce quartier est connu par son fort héritage ouvrier. Autrefois, ce dernier était un point névralgique pour les grandes industries ainsi que pour les entreprises portuaires. Cet attrait étant facilement expliqué par sa proximité géographique avec le canal Lachine et le centre-ville de Montréal, deux grands axes essentiels de la ville de jadis.

La place Smith aujourd'hui, se veut être une initiative de la ville pour créer un espace de détente dans un secteur en pleine réorganisation urbaine tout en conservant son lien avec le passé. Cette aire de promenade est d'environ 500 mètres de long et suit le tracé et la forme originelle de la rue Smith. Un concours de design a d'ailleurs été mis sur pied pour permettre d'amener un renouveau urbain. Le but étant de redonner cet endroit à la collectivité tout en utilisant des notions de design urbain. Plusieurs idées très intéressantes ont été déposées, parmi ces dernières on compte les suivantes : des constructions verticales illuminées qui permettraient de faire un lien entre elles et de créer un sentier tout au long de la promenade, des dalles parsemées tout au long du trajet pour créer une place dans un amas de végétations spécifiques, des arbres illuminés en linéarité d'une épaisseur variable tous dépendant de l'espace disponible, des éléments de constructions naturels (talus, souches, racines, petits bancs végétalisés, dalles horizontales inscrites et recouvertes de végétations...) qui pourraient être repris par les gens y circulant, la création de divers jardins colorés et l'édification de certaines constructions temporaires ou permanentes qui permettraient de décorer les murs environnants ou des piliers d'un pont (comme c'est déjà le cas à plusieurs endroits au Québec). Ces derniers éléments seraient, selon certaines personnes, faits de concert avec la collectivité pour honorer ces derniers et l'histoire de leur vécu. Il serait possible d'agencer des illustrations rappelant le lointain passé de ce secteur.

Le design urbain a été mis à contribution pour redonner un nouveau souffle à ce quartier qui par le passé était appelé le quartier fantôme de Montréal (quartier ayant passé de plusieurs milliers d'habitants à quelques-uns). Toutes ces actions sont prises par la volonté municipale de développer ce quartier aux mille attraits, grâce à des initiatives de toutes sortes; préservation de l'histoire avec la conservation du trajet de la rue Smith, revitalisation d'un secteur en décrépitude, récupération de ce site privilégié à proximité du fleuve,  et création d'un renouveau urbain. Espérons que ce souhait d'utiliser le design urbain sera un moteur de développement urbain pour tout le quartier et que cette place rayonnera de tous ces feux dans son entourage.

Bibliographie & webographie :

- Waldheim, Charles (2006), « Landscape as Urbanism ». The landscape Urbanism Reader (Ed. Charles Waldheim). Princeton Architectural Press, New York, pp.35-53.

- Jeanne Corriveau (8 janvier 2011), « Griffintown : Montréal lance un concours de design pour la rue Smith », Le Devoir.

- Emploi Québec, « Griffintown » [En ligne],  http://grandquebec.com/vie-communautaire/griffintown/, consulté le 7 mars 2012.

- Olivier Pearl Poddubiuk et associés architectes, « Concours Promenade Smith », 2010
2012

- Parc Canada, « Lieu historique national du Canal-de-Lachine », 27 avril 2012 [En ligne], http://www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/qc/canallachine/index.aspx, consulté le 5 mars 2012.

- Ville de Montréal, « Concours de design de la promenade Smith », 29 février 2012 [En ligne],http://mtlunescodesign.com/docs/projects/Smith_Comm_20120227_Activites_publiques_VF_02.pdf, consulté le 7 mars 2012.

15 mars 2012

Espace de design !! Où est le design ??


Par Myriam M’sallem et Guillermo Pérez Montemayor

Photo : Myriam M’sallem

Pas vraiment besoin de chercher loin, c’est bien notre cour à l’entrée par l’arrière de la faculté de l’aménagement avec sa continuité jusqu’ à l’avenue Louis Colin au niveau de l’entrée  arrière du pavillon des HEC. Chaque bâtiment a une interface à faire communiquer avec ce qui l’entoure. Ceci se fait par le biais de ce qu’on n’a pas construit et de quelle manière on l’expose à l’expérience urbaine.
             Nous sommes deux étudiants qui n’avons pas poursuivi nos études à Montréal, on est nouveau et c’est principalement cet espace qui  nous a  accueilli. Chacun d’entre nous a certainement un jugement ou un avis qui le suit depuis son premier jour à la Faculté de l’aménagement .Cette dernière est évidemment dédiée à des  futurs concepteurs d’espace. On y forme les architectes, les paysagistes et les aménagistes .Ce vide entre les deux facultés (HEC et faculté de l’aménagement) est un espace supposé être aménagé. En  fait il l’est ! Mais est-ce qu’en étant utile pendant 3 mois par an on peut estimer qu’il remplit son devoir ??
L’espace joue son rôle au complet avec ce qu’il a de bâti et de non bâti. Cette étendu entre deux édifices est quasi-inexploitable dans les saisons froides. Elle se lit comme une rupture, un hiatus, un espace sans âme qui est extérieur comme la rue mais il n’a rien d’attractif et de dynamique d’une rue. Malgré que cet espace soit cerné par les portes arrière  des deux  bâtiments il est plus significatif et plus fréquenté par les  usagers que celui qui marque les principales entrées sur la rue Côte Saint-Catherine.   
De très larges marches formant un gradin, de la roche extraite in-situ borde la montée et même si on  trouve  du mobilier urbain, ce n’est que le pauvre standard industrialisé qui tient debout.
Probablement le style épuré d’une architecture très fonctionnaliste l’a influencé. Le bâtiment de la faculté est un parallélépipède avec des ouvertures unifiées qui rappellent  le style international. Mais  la simplicité de ce vocabulaire l’a rendu simpliste voir insignifiant .On ne peut pas nier que les étudiants l’exploitent comme un solarium et que ceci est un avantage, sauf que dans ce cas-ci le design urbain n’offre pas d’apport. Au Canada, si le soleil est là, on part le chercher indépendamment du support . Ce qui est étonnant c’est qu’il fait partie de la faculté d’aménagement et il est le mieux placé pour inspirer les disciples de ce domaine . Ceci demeure à notre avis un phénomène contradictoire. Il a aussi la chance d’être entre deux mondes de vie étudiante, la où personne n’est intrus, entre la faculté d’aménagement et l’HEC.
On ignore certainement les restrictions administratives qui définissent les droits de propriété et  séparent ces deux cours mais c’est dans ce cas qu’on doit intervenir sur les lois. Pourquoi ne pas revoir celles ci. On a pu aussi se mettre d’accord entre concepteurs pour harmoniser cet espace synthèse. Il est extérieur et a la possibilité de se distinguer grâce aux interventions des designers urbain. Il peut même être totalement indépendant de l’architecture qui lui est adjacente et réussit à gagner le caractère de la convivialité toujours recherché. Présentement c’est une géante assiette de neige sur laquelle les étudiants dessinent leurs raccourcis.

La rue de la Gauchetière son design urbain et son attractivité


Par Paula Hernández et Filipe Marino


Photo: Paula Hernández et Filipe Marino

Le design urbain articule les nécessités des différentes parties prenantes ; il cherche « la valorisation spatiale, sociale et économique » (Max Raynaud et Wolff 2009 :160). Un exemple de ceci est la rue de la Gauchetière dans le quartier chinois. Utilisée pour la pratique habituelle des sports et méditation, la place Sun-Yat-Sen est aujourd’hui un lieux de interaction et de rencontre pour les personnes qui ont un intérêt pour la culture chinoise ou orientale.

Il s’agit d’un exemple de design urbain : il n'y a pas d’incompatibilité entre les bâtiments, la rue s’intègre avec cohérence aux places et aux bâtiments. Les espaces publics et privés sont bien articulés. Il s’agit en fait d’un espace favorable à la marche, comme en témoigne une analyse effectuée à l’aide des cinq critères de qualité environnementale définis par Clemente et al. (2005) (Imagibilité, complexité, l'échelle humaine, transparence, définition).

Comme il s'agit d’une partie emblématique de la ville, chargée d’identité, il y a une grand Imagibilité. Celle-ci est définie par Purciel et al. (2006 :4) dans les termes suivants :
“Imageability: When specific physical elements and their arrangements complement each other, capture attention, evoke feelings, and create a lasting impression. Architecture that suggests importance, presence of historical buildings, and landmarks are the qualities of a place with high imageability”.
Avec le design urbain nous pouvons afficher les marques de notre histoire ou même les oublier. Donc, ce que nous voyons dans notre cas c'est la reconnaissance, par le design urbain, de l'importance de l'immigration chinoise et aussi la reconnaissance de leurs marques physiques dans la ville. Ainsi, le design urbain permet une territorialisation de la culture chinoise à Montréal

À l'échelle humaine, on pourrait dire que la rue est piétonne, ce qui assure que la conception et la taille des éléments physiques et leur échelle soient adaptées à l'individu, par exemple les proportions des façades. La transparence existe dans cette rue : on peut sentir la présence d’autres personnes et être en contact avec leurs activités. Les fenêtres permettent d'identifier les commerces et facilitent l'interaction avec les piétons par le biais des activités commerciales.

Même si le lieu possède de nombreux symboles, couleurs et décorations, la rue a une faible complexité architecturale. Les bâtiments sont presque toujours de la même taille,
issant indifférents les passants, qui perçoivent la rue de la gauchetière comme un couloir http://static.ak.fbcdn.net/images/blank.gifdans cette partie du quartier chinois.  

Le flux sur la rue n'est pas interrompu dans cet extrait du quartier chinois, cependant, la délimitation des frontières par les portails chinois marquent le paysage
et indiquent qu'il s'agit d'un autre territoire. Par conséquent, dans cette partie de la rue de la Gauchetière, l'espace piéton est très bien défini car il est partialement interrompu seulement par de petits arbres et par les portails. L'espace pour la circulation piétonne est assez clair.


Cette rue est un lieu qui encourage le transport actif en particulier
les déplacements à pied, cette forme urbaine permettrait de renforcer les coutumes, la culture et les activités culturelles. Cela peut ainsi être considéré comme un bon exemple qui atteste de l'existence de cinq éléments de design urbain (Clemente, Ewig , Handy, Brownson, 2005), contribuant à l'intégration et l'utilisation de l'espace.

Bibliographie
-Michel Max Raynaud et Pauline Wolff, Design urbain : approches théoriques. Volume 1 : Approches historique et conceptuelle, 2009. www.observatoire-sitq.umontreal.ca
- Observational Validation of Urban Design Measures for New York City. Field Manual. July 5, 2006. Prepared by: Marnie Purciel, Research Coordinator. 2006
-Les critères de design en faveur du transport actif : Otto Clemente, Reid Ewing, Susan Handy, et Ross Brownson (2005) Measuring urban design qualities. An illustrated field manual.

12 mars 2012

La place Jean-Paul Riopelle ou le pari de la contemplation à l’épreuve du quartier international de Montréal


Par Cécile Maillard et Benoit Danen


Image : Stéphan Poulin et Daoust Lestage Inc.

L’utilisation du design urbain comme opérateur du renouvellement urbain

D’inspiration nord-américaine, néo-empirique, le concept du Quartier International de Montréal (QIM) remonte à 1986 lorsque la ville prend conscience et tente de corriger les impacts négatifs créés par l’autoroute intra-urbaine Ville-Marie, coupant alors le centre des affaires du vieux Montréal. Le but est clair, miser sur un aménagement urbain contemporain, prestigieux et exclusif, permettant d’améliorer le cadre de vie en plein cœur du centre ville de Montréal tout en renvoyant une image forte à l’international quant aux atouts de la métropole : créativité technologique, art et nature.

Faisant face au Palais des Congrès dans sa partie Ouest, à l’ombre des buildings, un ancien site de stationnement automobile à ciel ouvert va devenir en 2004 la place Jean-Paul Riopelle telle que nous la connaissons aujourd’hui. La stratégie de design urbain employée pourrait relever de la symbolique suivante : enlevons les parkings et remettons en lumière, au sens propre comme au figuré, cet espace à fort potentiel…

Ancrage dans le passé et porte ouverte vers l’avenir…

Le concept même de la place a été confié au bureau de design urbain Daoust Lestage Inc par le tryptique de gouvernance composé des pouvoirs publics, des principaux groupes privés ainsi que des riverains. Leur principal mérite est d’avoir su habilement utiliser des référents historiques et naturels qui sont recontextualisés dans un environnement au mobilier urbain simple et sobre, et ce, en plein cœur de la cité, faisant de ce projet le lauréat de deux concours prestigieux de design et d’architecture. La place Jean-Paul Riopelle est à l’image de l’objectif d’allier modernisme et histoire, en saupoudrant d’une pincée de néo-rationalisme (la « Joute »), un espace résolument néo-empirique.

Véritable mosaïque minérale et végétale avec 88 arbres de différentes essences de l’érablière à Caryer, représentants de la forêt québécoise, la place Jean-Paul Riopelle est un espace de transition entre le centre-ville moderne et le cœur historique de Montréal, propre aux réalisations du courant moderne. L’agencement des arbres crée une trame pixellisée rappelant les circuits imprimés d’un ordinateur, et le sol constitué de pièces rectangulaires minérales ou végétales placées aléatoirement, semblent vouloir entamer un dialogue avec la grande façade en lamelles de verre coloré du Palais des congrès, soulignant la créativité des Québécois.

Lieu de détente fréquenté par de nombreux visiteurs, la place accueille l’œuvre monumentale de « La Joute » de Riopelle, auparavant installée au Stade Olympique de Montréal depuis 1976. La sculpture est mise en valeur dans un bassin circulaire bordé d’un cercle de feu, dont tous les mécanismes sont astucieusement dissimulés, selon les souhaits de l’artiste décédé en 2002. « La joute est une fontaine constituée de 29 sculptures, en bronze, disposées sur des socles fixés dans deux bassins d’inégales superficies, placés l’un dans l’autre » comme le souligne Jacques Keable, ami de Jean-Paul Riopelle. Ses thématiques renvoient à l’enfance et la nature ainsi qu’au jeu des amérindiens. Elle s’adresse donc indistinctement aux plus jeunes et aux grands enfants que nous sommes tous... Au sol, douze caniveaux lumineux dotés de brumisateurs formant une horloge urbaine, créent des jeux de lumière et de brouillard lors d’animations de soirée en été, tentant d’imposer son rythme à la vie trépidante du quartier. Un spectacle dynamique et presque fantastique s’empare alors du lieu incitant l’usager à expérimenter l’espace.

L’expérience contemplative universelle 

Sur la place Jean-Paul Riopelle, l’homme d’affaires prenant son lunch à la recherche d’un contexte reposant, tout comme les 6 000 passants journaliers sortant du Palais des Congrès qui regardent les animations avec amusement, peuvent donc partager cette expérience contemplative universelle. Universelle car renvoyant aux quatre éléments représentant la pierre angulaire de la philosophie aristotélicienne et constitutifs de l’ensemble de l’univers : l’eau, la terre, le feu et l’air…


Bibliographie & webographie

- Site web de l’Agence d’urbanisme Daoust Lestage : http://www.daoustlestage.com
-  « Le quartier international de Montréal : la nouvelle vitrine du savoir-faire québécois. Un environnement de qualité du coeur de la ville. » Article de Jessica Nadeau du 22 mai 2004, Actualités en société pour Le Devoir.com.
-  Site web du Quartier international de Montréal : http://qimtl.qc.ca/fr/projets/quartier-international-montreal/intervention/place-jean-paul-riopelle
-  Article sur le site Action Design.info : actiondesign.info/fr/etudes-de-cas/quartier-international-de-montreal
-  Mireille Bélanger, Le design urbain au Québec : étude de la transposition des prescriptions empiriques dans la pratique urbanistique, mémoire de fin d’études d’urbanisme, avril 2010, 122 p.
-  Nan Ellin, Postmodern Urbanism, Princeton Architectural Press, New York, 1999, 368 p.

24 février 2012

Le square Dalhousie : entre lecture du passé et usage futur d’un espace public


Par Andrea Spector et Jihane Aïdibé


Image : Andrea Spector et Jihane Aïdibé

Situé entre la rue Berri et la rue Saint Hubert, à la limite entre le Vieux-Port et le quartier résidentiel du « Faubourg Québec », le square Dalhousie cherche, par son aménagement, à tisser des liens entre ces deux environnements disparates et en même temps, à rendre hommage à l’histoire riche de son site. Ancien square du 19e siècle, son territoire comprenait à l’origine les murs de fortification de la ville, le tracé original de la rue Saint-Paul et plus récemment dans l’histoire, les voies ferrées et la première gare montréalaise du Canadien Pacifique, la gare Dalhousie. Aujourd’hui, seule la gare reste le témoin de ce passé ferroviaire. Rénovée, elle abrite maintenant le Cirque Éloize (Vieux Montréal, 2012).

En 2004, l’aménagement du nouveau square Dalhousie inclut des éléments symboliques évoquant son passé, par un marquage du tracé des voies ferrées dans son pavage et la sculpture de Jocelyne Alloucherie, Porte de Jour, qui met en évidence l’emplacement des anciennes fortifications (Ville de Montréal, 2012). Aussi, la place « s’articule autour de la découverte des différentes composantes de son voisinage et des facteurs qui l’ont façonnée » (Ville de Montréal). L’espace se présente comme un prolongement et une transition entre deux quartiers. Dans son aménagement, cette transition est apparente à travers la végétation du site. Du côté du Vieux Montréal, l’espace est plus minéral, avec des arbres plantés dans l’asphalte, alors qu’en se rapprochant du quartier résidentiel du Faubourg Québec, la végétation s’intensifie avec des espaces gazonnés qui apportent au site un aspect de jardin. Ce collage d’interventions qui forment un espace convivial à l’échelle pédestre se rapproche du courant contextualiste, mêlant le passé et le futur du site en un ensemble commun et cohérent (Ellin, 1996).
Le square Dalhousie emprunte également dans sa conception certains principes d’un modèle de place de plus en plus utilisé à Montréal depuis ces dernières années, la « place-paysage ». De ce modèle hybride qui allie à la fois mémoire urbaine et qualité et milieu de vie (Cha, 2011), le square Dalhousie s’inspire des principes d’identité, de patrimoine et d’esthétisme du lieu. L’espace propose une narration du passé historique du site, à travers son aménagement, son mobilier urbain et artistique comme nous l’avons vu. Le square « favorise l’émergence de récits porteurs et entretient un rapport entre la matière (le réel) et ses représentations (les images) » (Cha, 2011), nous invitant à une lecture historique, des remparts de la ville fortifiée à l’époque des chemins de fer. Ainsi, le square laisse la possibilité d’un usage, d’une interprétation ouverte à l’usager, selon son rapport à cet espace, un espace public comme lieu de transition, d’histoire ou de milieu de vie.
Cet espace est intéressant en termes de design urbain et de ses enjeux. Espace charnière, frontière entre deux quartiers, le square Dalhousie aurait pu rester un espace vide, marquant une différenciation brutale entre un nouvel espace résidentiel et le reste de la ville. Au contraire, de par son aménagement et le rôle qu’on a voulu lui influer, le square n’est plus une simple barrière, une limite fortifiée comme il a pu l’être dans le passé, mais il devient un lieu symbolique de transition, de connexion au cœur de l’espace urbain. Le square Dalhousie, dans son approche et son aménagement, nous rappelle l’importance de ces espaces publics vides, qui font la qualité et l’essence de la ville.

Bibliographie

Affleck, G. (2008, février). The Evolution Of Public Space Design In Montreal Is Veering Towards Minimal Expression To Support The Natural Ebb And Flow Of Human Activity. Repéré le 18 février 2012, de Canadian Architect: http://www.canadianarchitect.com/news/in-full-view-public-space-in-montreal/1000219168/

Cha, J. (2011) “La place paysage : le dernier temps d’aménagement de la place public à Montréal” in Jébrak, Y. et Julien, B. (dirs) Le temps de l’espace public urbain : construction, transformation et utilization (p.87-110), Montréal : Editions MultiMondes

Ellin, N. (1996). Postmodern Urbanism. Cambridge: Blackwell Publishers.

Vieux Montréal. (2012). Secteur des gares ferroviaires: Square Dalhousie. Repéré le 18 février 2012, de Fiche d'un espace publique: http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_rue.php?id=779&sec=c

Ville de Montréal. (2012). Montréal, Métropole culturelle. Repéré le 18 février 2012, de Prix d'aménagement 2006 Les Arts et la Ville: http://www.arts-ville.org/media/upload/fichiers/panneaumtl.pdf

Remise en valeur de l’artère commerciale Côte-des-Neiges par l’aménagement de trois espaces publics signifiants


Par Samy Ait Oubelli et Ali Arzouni


Image : Samy Ait Oubelli

L’aménagement de trois places publiques le long du chemin de la Côte-des-Neiges en 2006, répondait à une volonté de l’arrondissement Côte-des-Neiges Notre-Dame-de-Grâce et de l’Association des gens d’affaires de Côte-des-Neiges de rehausser l’image de l’artère commerciale Côte-des-Neiges en offrant un aménagement significatif qui témoignerait de la spécificité du quartier.

L’opération de valorisation de l’image du chemin de la Côte-des-Neiges a été confiée au consortium formé de Schème Inc. et  de l’Atelier Urban Soland, lequel consortium  s’est chargé de la conception, du suivi et de la réalisation du projet.  Dans les faits, c’était une intervention spécifique dans le domaine public. L’équipe des concepteurs, dans ses analyses, avait identifié l’étroitesse des trottoirs et avait proposé des débordements du domaine public en vue de l’agrandir en des endroits stratégiques. Cette proposition avait pour but de célébrer l’espace de la rue et de pallier son déclin en améliorant son image tout en offrant des espaces que la population peut s’approprier.

L’approche adoptée par le groupe d’architectes et d’architectes paysagistes de l’Atelier Urban Soland s’inscrit dans une démarche néo-empiriste en utilisant le contextualisme pour conceptualiser les espaces. Elle se rapproche de la définition du contextualisme architectural de Colin Rowe, « qui situe l'objet du design ou de l'analyse dans son environnement physico-historique en termes d'éléments et de rapports formels » (Agrest & Léger,1977). Cela se manifeste dans le projet autant dans son ancrage dans l’histoire spécifique du quartier que dans les réponses formelles que prennent les aménagements et qui visent à créer des espaces de convivialité pour les résidents tout en valorisant l’image du quartier.

La démarche contextualiste, comme le décrit Ellin dans Postmodern urbanism, tente aussi bien de comprendre et de réinterpréter l’histoire du lieu que la culture qui y règne, en s’intéressant aussi bien à sa forme qu’à sa symbolique. À cet égard, l’aménagement des débordements publics -nommé ainsi par les concepteurs du projet- témoigne d’une grande sensibilité que promeut cette démarche. Tout d’abord, l’emplacement des trois aménagements s’est fait à la suite d’une analyse rigoureuse du chemin Côte-des-Neiges. En effet, dès les premières phases, les concepteurs ont travaillé avec des éléments contextuels tels que la topographie et le système de découpage parcellaire particulier du quartier Côte-des-Neiges. Ils ont aussi identifié l’emplacement de leurs aménagements en concordance avec les lieux de socialisation et de vie qui ont accompagné l’évolution du quartier à travers l’histoire. Les lieux dont il s’agit sont, entre autres, l’église et l’école Saint-Pascal-Baylon,  l’école Notre-Dame-des-Neiges, l’hôpital Juif et le parc Kent.

Le rapport à l’histoire se manifeste aussi dans le choix des aménagements et du mobilier urbain. En ce sens, un projet d’art urbain a été réalisé de concert avec la communauté et a abouti à la confection d’une quarantaine de pommes en bronze qui rappellent la vocation maraichère du quartier. En outre, ces pommes, qui ont été insérées dans le mobilier urbain, ont été estampées de citations rappelant le caractère multiethnique du quartier. Les trois places publiques, ornementées de tables, de bancs et de chaises de granit et de béton, tout en permettant de donner un nouveau souffle à l’artère commerciale, contribuent aux échanges sociaux, culturels et commerciaux entre les multiples communautés qui caractérisent le quartier aujourd’hui.

Références:
-      Agrest Diana, Léger Jean-François. Design versus non-design. Dans: Communications, 27, 1977. pp. 79-102. doi : 10.3406/comm.1977.1410
-      Brodeur, M., & Lachapelle, J. (2008). Imaginer, réaliser la ville 21e siècle cahiers des bonnes pratiques en design. Consulté le 01 28, 2012, sur mtlunescodesign: http://mtlunescodesign.com/docs/projects/Cahier%20bonnes%20pratiques_03.pdf
-      Chemin de la Côte-des-Neiges,Montréal,2008. (s.d.). Consulté le Février 8, 2012, sur Urban Soland paysages urbains: http://urban-soland.com/index.01.02.php
-      Débordement public. (s.d.). Consulté le Février 08, 2012, sur plepuc: http://plepuc.org/fr/oeuvre/debordement-public
-      Ellin, Nan (1996). Postmodern urbanism, Princeton Architectural Press, New York
-      Lafrenière, A. (2008, Mars 1). Les designers et les architectes ouvrent leur porte. Consulté le Février 7, 2012, sur lesactualites: http://www.lesactualites.ca/?site=CDN&section=page&1=C080430&2=C080430_designMontreal

Réaménagement de l’autoroute Bonaventure : Doter Montréal d’une entrée de ville prestigieuse

Par Joëlle Desjardins et Arthur Duhamel


Image : Groupe IBI-CHBA

Dans sa vision Montréal 2025, le projet Bonaventure constitue pour la ville un projet majeur dans le processus de réaménagement du Havre de Montréal. Le but recherché à travers la conversion de l’autoroute Bonaventure en une grande artère urbaine est de doter Montréal d’une entrée de ville prestigieuse grâce à un aménagement urbain de qualité et un développement intégré et durable (Montréal 2025, s.d).
Un projet postmoderne s’inscrivant dans un milieu formé par le modernisme
Depuis son inauguration en 1967, l’autoroute Bonaventure est un des axes majeurs permettant d’accéder au centre-ville de Montréal. Infrastructure lourde, symbole du modernisme et de la domination de l’automobile comme moyen de transport durant cette période d’urbanisme progressiste, sa construction a créé une coupure surfacique (Héran, 2000) importante dans la trame urbaine en séparant le faubourg des Récollets de Griffintown, et le centre des affaires du canal de Lachine. La reconversion de cette autoroute en milieu urbain, véritable espace perdu (Roger Trancik, 1986), fournit une opportunité exceptionnelle de réinvestissement du centre-ville en le rendant attractif et habitable
L’approche contextualiste, adoptée par le consortium dirigé par Cardinal Hardy, favorise cette reconnexion entre quartiers et fait émerger le « génie des lieux » (Montréal 2025, s.d). Toutefois, elle se caractérise par un postmodernisme nord-américain qui « réussit rarement à dépasser la tentation de faire du projet architectural une oeuvre d'art autonome, qui se démarque de son contexte comme une figure sur fond de ville » (Germain et Guay, 1985). En effet, sur les ilots libérés par le démantèlement du tablier autoroutier, l’architecture des bâtiments proposés se veut résolument contemporaine, caractéristique d’un centre-ville nord-américain, tournée vers l’avenir et donc peu en lien avec l’architecture présente actuellement de part et d’autre de l’autoroute.
Un design urbain multisensoriel et multiscalaire de qualité
Une entrée de ville implique la confrontation entre deux échelles : l’échelle de la ville et l’échelle humaine. Voulant assurer le lien entre formes urbaines et relations sociales, ce projet s’inscrit dans le mouvement américain prescrit à l’échelle internationale du nouvel urbanisme : le modèle néo-traditionnel (ou Traditionnal Neighborhood Development) (Dupuis, 2009).
Le paysage de la ville (townscape) est assuré par la vision stratégique appliquée au plan d’ensemble qui met en cohérence, par le biais des formes architecturales et urbaines, le projet avec le centre-ville existant. Cette mise en scène des grands repères montréalais, que sont la silhouette du mont Royal et des tours du centre-ville (Montréal 2025, s.d), représente parfaitement les valeurs locales à l’échelle métropolitaine (OCPM, 2009) et diffuse aussi une image de Montréal à l’international.
Les paysages de l’urbain (streetscapes) font ressortir une qualité esthétique des rues ceinturant les ilots centraux, créant une séquence paysagère digne d’une entrée de ville « marquante et signalétique » (OCPM, 2009). Sans renier l’automobile ou lui nuire mais plutôt en la disciplinant, l’aménagement à l’échelle du piéton est dicté par des critères de design urbain tirés du néo-empirisme nord-américain. La transparence entre le rez-de-chaussée des tours (espace privé) et la rue (espace public) (Jacobs, 1995), le rythme provoqué par des transitions claires dans les hauteurs des bâtiments (Trancik, 1986) ou encore la répartition d’espaces publics cohérents et formés par le bâti (Jacobs, 1995 ; Alexander, 1987) sont autant de concepts appliqués dans ce projet pour favoriser la perception de l’espace urbain en créant une animation du domaine public, notamment par l’intégration d’art public (œuvres, éclairages).
Ce « design multisensoriel » forme des « ambiances multisensorielles » (Ascher, 2010), ce qui renforce la mise en valeur et la qualité de ce futur espace urbain.

Bibliographie :
Alexander, C., Neis, H., Anninou, A., King, I. (1987). A new theory of urban design. New York : Oxford University Press.
Ascher, F. (2010). Les nouveaux principes de l’urbanisme. La Tour d’Aigues : Éditions de l’Aube.
Cardinal Hardy et al. (s.d). Réaménagement de l’autoroute Bonaventure. Repéré à : http://www.cardinal-hardy.ca/#/portfolio/bonaventure/
Choay, F. (1967). Sémiologie et urbanisme. Architecture d’aujourd’hui, n° 132.
Dupuis, B. (2009). Le movement du New Urbanism et le paysage urbain. La circulation d’une doctrine urbanistique. Articulo – Journal of Urban Research [Online], Special issue 2. Repéré à : http://articulo.revues.org/1133
Germain, Annick & Guay, Jean-Paul (1985). Urbanisme – Le défi post-moderne. Continuité, n° 29, p. 24-27. Repéré à : http://id.erudit.org/iderudit/18112ac
Héran, F. (2000). Monétarisation des effets de coupure, des effets sur l’affectation des espaces publics et des effets sur les paysages. Transports en milieu urbain: les effets externes négligés. Paris: La Documentation française : 117 p.
Jacobs, A. (1995). Great Sreets. Cambridge, MA: MIT. Repéré à: http://www.downtownalton.com/members/docs/greatstreets.pdf
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