20 février 2012

La plage urbaine du Vieux-Port : un espace « rafraîchissant » de design urbain

Par Laurie Hébert et Audrée Letarte


Image : Claude Cormier et Associés 2012


La plage urbaine du Vieux-Port de Montréal, d’une superficie de 13 000m2 et qui sera ouverte à l’été 2012, représente un remarquable projet de design urbain. La plage s’inscrit dans une tendance mondiale de valorisation et de reconversion des berges. Intégrant à merveille le plan directeur de la Société du Vieux-Port de Montréal, la plage concrétise l’idée de réaménager le Vieux-Port au plan récréatif. Elle pourra accueillir près de 800 personnes et son aménagement nécessitera 4 millions de dollars. Celle-ci apparaît également dans un contexte d’ébullition de projets dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal. Ce sera une occasion en or de redorer l’image des berges souvent mal exploitées dans cette ville entourée d’eau. Notons cependant que les usagers ne pourront pas  s’y baigner puisque le courant est trop fort à cet endroit et que la plage jouxtera la marina du Vieux-Port.
La plage peut aisément se décrire comme un espace de design urbain puisqu’on le définit comme un «acte d’intervention programmée sur un espace déterminé dans un contexte spatial, économique, politique et social précis»[1]. Circonscrit dans un endroit bien particulier au sein du quartier historique de Montréal, la plage servira d’objet de promotion de la ville à travers ses berges, et la richesse de ses perspectives visuelles contribuera à son rayonnement international.  Caractérisée par la modernité et la création, la plage correspond à un espace où le paysage, l’espace public et la forme urbaine se côtoieront. Il s’agit d’un désir d’aménagement de l’espace dans un contexte urbain et d’«une nouvelle façon, inusitée, de vivre en ville, de l’occuper autrement», le tout, dans «un environnement convivial»[2]. Le design urbain de la plage se concrétisera également par un ensemble d’ingénierie, de paysage, d’architecture et de mobilier urbain qui seront conçus de façon socialement et écologiquement durable. D’importants éléments artistiques renforceront également la présence et l’importance du design urbain dans l’espace.
Selon la  grille d’analyse proposée par Raynaud et Wolff (2009), pour qui le design urbain se situe dans la phase opératoire d’un projet, nous pouvons affirmer que celui-ci s’inscrit dans la recherche d’une solution à une problématique spatiale, dont le « retour sur l’investissement » constituera un élément de branding supplémentaire dans l’offre récréotouristique de la ville.  Aussi, puisque le projet est stimulé par une volonté de répondre aux demandes des citoyens qui souhaitent « se rapprocher de l’eau, être plus près du fleuve, se sentir ailleurs dans la ville »[3], il est possible de voir une influence du courant City Beautiful dans ce projet, non pas pour le type de plan réalisé, mais bien pour cette volonté d’embellissement de l’espace urbain à des fins sociales ainsi que pour la réintroduction d’une forme aménagée de la nature en ville.
Le design urbain nous apprend, à travers l’aménagement de cet espace, qu’il est important pour une ville telle que Montréal, si elle souhaite se maintenir sur le circuit touristique international et comptabiliser un bilan migratoire annuel positif, de créer des espaces de repos ludiques et agréables ainsi que de mettre en valeur ses atouts paysagers. Reste à voir si la plage sera un succès, mais considérant l’immense popularité que remporte la Sugar Beach de Toronto créée par le même architecte-paysagiste (Claude Cormier),  il est difficile d’en douter.  

Bibliographie
Benoît, Claude (2010-2012). Vision de développement de la Société du Vieux-Port de Montéal. [En ligne] http://www.societeduvieuxport.com/a-propos-de-nous/vision-de-developpement.html. Page  consultée le 10 février 2012.

Claude Cormier + associés (2011). Plage urbaine au Vieux-Port de Montréal. [En ligne] http://www.claudecormier.com/projet/quai-de-l-horloge. Page  consultée le 9 février 2012.

D’Astous, Caroline (2011). Une plage urbaine dans le Vieux-Port. [En ligne] http://www.lametropole.com/article/tendances/quoi-faire/une-plage-urbaine-dans-le-vieux-port. Page consultée le 8 février 2011.

Raynaud, Michel Max et Pauline Wolff (2009). Design urbain : approches théoriques. Volume 1 Approches historique et conceptuelle. Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier. 68 p.   p.11


[1] Raynaud, Michel Max et Pauline Wolff (2009). Design urbain : approches théoriques. Volume 1 Approches historique et conceptuelle. Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier.  p.11
[2] Claude Cormier + associés (2011). Plage urbaine au Vieux-Port de Montréal. [En ligne] http://www.claudecormier.com/projet/quai-de-l-horloge. Page  consultée le 9 février 2012.
[3] Claude Benoît (2010-2012). Vision de développement de la Société du Vieux-Port de Montréal. [En ligne] http://www.societeduvieuxport.com/a-propos-de-nous/vision-de-developpement.html. Page consultée le 10 février 2012.

3 commentaires:

  1. Il s’agit d’un espace très intéressant et qui, en effet, témoigne de plusieurs enjeux contemporains du design urbain. Deux dimensions qui me paraissent moins explicitement abordées mais tout aussi importantes sont a) la ré-sémantisation d’un espace, jadis industriel, aujourd’hui touristique et le design urbain comme approche pour réinterpréter l’histoire de la ville; puis b) la temporalité comme angle d’approche pour aménager les espaces publics, avec des interventions « éphémères » qui permettent de pratiquer des espaces de manière différente selon l’heure, le jour, le mois... temps est donc très présent, et de différentes manières, dans cet espace.

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    1. A mon avis c'est dans ce genre d'intervention qu'on peut admirer le courage du design urbain.Independamment des limites du projet ou de jusqu a quel point il a reussit ,ceci demeure une action très courageuse qui peut reanimer une ville.Il me semble quand meme très important de ne pas exposer cet amènagement a la population en tant que plage avec le sens commun.Cet espace ne peut jamais nous donner les memes resultats .Donc pour ne pas dècevoir une population assoiffèe d'avoir un espace raffraichissant au coeur de la ville il faut le dèfinir autrement.J'irai meme a dire qu'il faut pas l appler " plage"

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  2. Voici un lien vers un article qui pourrait vous intéresser,
    http://enpc.academia.edu/BenjaminPradel/Papers/555958/Mettre_en_scene_et_mettre_en_intrigue_un_urbanisme_festif_des_espaces_publics_Festive_event_urbanism_for_public_areas

    Juan

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