Crédit photo : Sophie Julien, 2010
Comme l’union des termes le suggère, l’approche du landscape urbanism vise la formation d’un projet urbain (urbanism) à travers la transformation de processus liés au paysage (landscape). Le paysage se distingue notamment de l’architecture par sa capacité à générer un modèle urbain maintenant un certain niveau de flexibilité. En tant que surface horizontale et continue, il s’agit d’un medium qui permet d’organiser les relations entre les activités et qui aborde également les questions de temporalité, de changement et d’adaptabilité1.
En ce sens, Alison Smithson, dans son texte The City Center Full of Holes2, recommande que les espaces vacants dans la ville soient paysagés et laissés comme espaces futurs d’appropriation si le besoin se fait sentir. La durabilité de cette approche réside dans le fait de mettre en place des usages provisoires qui peuvent répondre à des circonstances urbaines changeantes et disparates. L’instabilité et l’indétermination sont des conditions de la métropole contemporaine et, à ce titre, le paysage est considéré comme un médium plus adéquat pour traiter les problématiques de la ville post-industrielle. Avec le récent phénomène de l’étalement générant une densité urbaine affaiblie, plusieurs sites sont laissés à l’abandon au cœur des villes, notamment de nombreuses friches industrielles offrant un potentiel d'aménagement considérable3. Le landscape urbanism s’intéresse donc plus particulièrement à ces sites urbains qui ont été victimes d’abandon, de contamination ou de rejet social suite à la désindustrialisation des métropoles. Le High Line, à New York se veut un exemple éloquent de cette approche.
C’est aussi dans cette logique qu’a été pensé le projet de réaménagement du canal de Lachine avec son parc linéaire. Il s’agit là d’un site emblématique de l’industrie et de la navigation qui a joué un rôle important dans l’essor économique de Montréal. Puis, l’ouverture de la Voie maritime du Saint-Laurent provoqua le déclin du canal et de ses industries dans les années 1960. Aujourd'hui le site connaît une véritable renaissance, alors qu’il s’est peu à peu transformé en un parc urbain linéaire s'étendant sur 14,5 kilomètres4. Rouvert à la navigation de plaisance en 2002, il s’agit désormais d'un lieu propice à diverses activités sportives et offrant des aménagements qui sensibilisent à l’histoire du canal. De plus, la transformation de ce site industriel en un parc linéaire s’est avérée un levier de développement important pour les terrains limitrophes alors que plusieurs usines abandonnées ont été reconverties en logements et que d’autres projets résidentiels ont aussi pris forme le long du canal.
L’approche du landscape urbanism traite ainsi le vide comme une opportunité et stipule que face à de tels sites abandonnés il ne s’agit pas d’imposer une solution, mais plutôt de leur permettre d’évoluer adéquatement dans le temps et de développer leur plein potentiel5. La reconversion de ces vides urbains selon le mouvement du landscape urbanism démontre l’efficacité d’une approche transdisciplinaire s’inscrivant dans une logique de design urbain, alors que le processus de création d'espaces urbains nécessite l'équilibre et la coordination des différentes disciplines de l’aménagement.
1 Waldheim, Charles (2006). « Landscape as Urbanism ». The landscape Urbanism Reader (Ed. Charles Waldheim). Princeton Architectural Press, New York, pp.35-53.
2 Smithson, Alison (1977). « The City Center Full of Holes ». Architectural Association Quaterly. vol. 9 no. 2-3 , pp.4-23.
3 Berger, Alan (2006). « Drosscape ». The landscape Urbanism Reader (Ed. Charles Waldheim). Princeton Architectural Press, New York, pp.197-217.
4 Lieu historique national du Canal-de-Lachine.
[En ligne] : http://www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/qc/canallachine/index.aspx (page consultée le 11 février 2011).
5 Waldheim, Charles (2006). « Landscape as Urbanism ». The landscape Urbanism Reader (Ed. Charles Waldheim). Princeton Architectural Press, New York, pp.35-53.
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