Par Jonathan Gagnier et Ghiles Djelouah
Située au cœur de l’actuel quartier international de Montréal, une portion de la ruelle des fortifications a fait l’objet d’une intervention urbaine assez curieuse. En effet, en 1987, un vaste projet immobilier intégrant les anciennes façades des bâtiments existant et un tronçon de la ruelle est proposé suite à une coopération entre la ville de Montréal, le Gouvernement du Québec et des partenaires privés, créant ainsi le Centre de Commerce Mondial de Montréal. Celui-ci s’inscrit dans une optique de préservation et de valorisation de l’identité d’un lieu, inestimable pour l’histoire de la ville de Montréal. Autrefois utilisée uniquement à des fins de circulation, la ruelle des fortifications est aujourd’hui bordée de restaurants, de terrasses, de commerces et fait l’objet d’expositions, d’événements, enfin, un lieu d’interactions sociales, entremêlant activités professionnelles, culturelles, plaisir, détente, et de tout ce qui devrait être caractéristique d’un espace public ordinaire.
S’inspirant d’une approche contextualiste du postmoderne, la rue s’est vue dotée de portes, de parois et de verrières, faisant d’elle un espace couvert, une sorte de grande pièce multifonctionnelle où les programmes sont reliés entre eux à l’aide de corridors, d’escaliers et de passerelles, amenant ainsi le piéton à se questionner sur la nature de ce lieu, tout en tentant de lui faire revivre l’intérêt de la relation entre ce qui est bâti et ce qui ne l’est pas.
La particularité de ce projet est qu’il s’inscrit dans une continuité culturelle, en retrouvant l’identité du lieu et en le réinterprétant de façon originale par le biais de l’utilisation d’éléments et de matériaux multiples (pierre, marbre, brique, métal, verre, etc.). Par exemple, le tracé des anciens remparts a été réinterprété par un traitement du sol assez particulier ainsi que par l’exposition d’une portion du Mur de Berlin, marquant peut-être le passage à une nouvelle ère.
La nature de cette intervention se rapproche beaucoup du mouvement Townscape qui prône l’idée que chaque action doit prendre en considération toutes les composantes d’un tissu et se rapproche aussi très fortement du contextualisme en design urbain, prônant l’idée que le lieu public doit être au centre des préoccupations, ceci dans l’objectif d’en faire, non plus un espace traversé ou parcouru, mais plutôt un espace vécu et propice aux échanges. L’intention sincère qui sous-tend cette intervention devrait nous inciter davantage à nous intéresser au bâtiment, aux bâtiments, et surtout à ce qu’il y a entre eux.
C’est donc dans cette ambiance sécurisée, confortable et conviviale appréciée de tous, que certains amoureux excentriques ressentent des ondes romantiques qui les poussent parfois à louer cette ruelle pour s’y marier. D’ailleurs, si vous vous mariez à cet endroit un jour, pourrions-nous y avoir accès ?
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