Crédit photo : pchurch92 sur www.flickr.com
Par Pascal Miville et Sandy Legault-Leblanc
L'ascension
L'histoire du développement de cette cité industrielle est révélatrice du rôle majeur qu’elle a joué sur son milieu. Construites en 1904 pour la réparation et la fabrication de matériels ferroviaires, les Shops Angus furent stratégiquement localisées à la jonction de deux lignes de chemin de fer du réseau ferroviaire québécois (Nadeau, 2009, p.23). La Cité Angus devient le deuxième plus grand complexe industriel en Amérique du Nord. Le nombre d'employés s‘éleva à 12 000 ouvriers lors de la Seconde Guerre Mondiale (Dumesnil et Ouellet, 2002). Son implantation dans le sud-est de la ville de Montréal a rapidement engendré l'arrivée d'une population ouvrière. Les ateliers constituent donc un facteur significatif du développement de l'actuel arrondissement Rosemont– La Petite-Patrie.
Le déclin
À partir des années 1950, on compte de plus en plus sur le réseau routier dans le transport des marchandises et des passagers. Une dizaine d'années plus tard, ce sont les compagnies aéroportuaires qui offrent des déplacements rapides sur la scène internationale. L'évolution technologique des transports fait ainsi compétition au système ferroviaire en place. La chute des Shops Angus devient inévitable. Une première fermeture a lieu en 1970, le volet de transport des passagers cesse ses activités. Le ralentissement des activités se poursuit et mènera à la fermeture complète des ateliers en 1992 (Nadeau, 2009, p.184).
Angus aujourd'hui
Suite à la fermeture de 1970, un premier projet résidentiel et commercial fut proposé afin de répondre à des besoins en logements abordables. La communauté s'oppose à l'implantation du centre commercial dans le secteur, on assiste alors à une première mobilisation. La communauté gagne le pari et seulement le volet résidentiel est complété. Au début des années 1990, une seconde proposition est faite afin de développer le Locoshop. L'intention était de concevoir des condominiums, mais encore une fois la mobilisation des acteurs de la scène communautaire freine le projet. Ces derniers réclamaient de nouveaux emplois dans le quartier (Nadeau, 2009, p.10). C’est donc en partie grâce à la participation de la communauté que la première phase de construction du Technopôle Angus vue le jour à la fin des années 1990.
Les concepteurs du projet ont conservé des indices du passé. La restauration de l'enveloppe du Locoshop et la mise en évidence de vestiges lui appartenant constituent les éléments physiques préservés du bâtiment d’origine. Les concepteurs ont voulu commémorer la mémoire du lieu, faire valoir son identité culturelle et ses origines. D'autre part, la fonction industrielle a été maintenue avec la ferme intention de retrouver l'activité économique que les ateliers avaient instaurée à l'époque, toutefois, adaptée aux réalités contemporaines. Pour Michael Stratton (2000), la clé dans ce type de projet est de trouver le juste milieu entre la préservation et le changement. Il qualifie ainsi la conservation comme le désir de la communauté d'introduire un nouvel usage, et le besoin d'actualiser la structure et l'image du bâtiment. Ce juste milieu semble avoir été atteint dans le projet de restauration du Locoshop.
Comme on a pu le constater, le projet fait partie de deux courants spécifiques du design urbain, soit la participation communautaire et la préservation historique (Ellin, 1996). D'une part, chacune des étapes du projet Angus a été marquée par une forte mobilisation des "leaders" et acteurs du milieu incluant d'importants débats publics. Le sort et l’image du secteur ont donc été façonnés par ses occupants. Quant à la préservation historique, elle a fait du Locoshop Angus un symbole important du rôle de l'industrie dans le quartier.
Références
Ellin, N. (1996). Postmodern urbanism. New York : Princeton Architectural Press.
Nadeau, G. (2009). Angus: du grand capital à l’économie sociale. Montréal : Fides.
Stratton, M. (2000), Industriel Buildings: Conservation and preservation, New York, États-Unis : E and FN Spon,
Dumesnil, F., Ouellet, C. (2002). La réhabilitation des friches industrielles: un pas vers la ville viable?. Vertigo - la revue électronique en sciences de l’environnement, Volume 3 Numéro 2 | octobre 2002 . [En ligne] http://vertigo.revues.org/3812. Consulté le 26 février 2011.
Fulton, G. (2011). Conservation du patrimoine. [En ligne] http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0003726#SUBReadings. Consulté le 26 février 2011.
Technopôle Angus: parc urbain d'entreprise, (2007). [En ligne] http://www.technopoleangus.com/fr/historique/index.php .Consulté le 24 février 2011.
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