Par Paula Hernández et Filipe Marino
Photo: Paula Hernández et Filipe Marino
Le design urbain articule les nécessités des différentes parties prenantes ; il cherche « la valorisation spatiale, sociale et économique » (Max Raynaud et Wolff 2009 :160). Un exemple de ceci est la rue de la Gauchetière dans le quartier chinois. Utilisée pour la pratique habituelle des sports et méditation, la place Sun-Yat-Sen est aujourd’hui un lieux de interaction et de rencontre pour les personnes qui ont un intérêt pour la culture chinoise ou orientale.
Il s’agit d’un exemple de design urbain : il n'y a pas d’incompatibilité entre les bâtiments, la rue s’intègre avec cohérence aux places et aux bâtiments. Les espaces publics et privés sont bien articulés. Il s’agit en fait d’un espace favorable à la marche, comme en témoigne une analyse effectuée à l’aide des cinq critères de qualité environnementale définis par Clemente et al. (2005) (Imagibilité, complexité, l'échelle humaine, transparence, définition).
Comme il s'agit d’une partie emblématique de la ville, chargée d’identité, il y a une grand Imagibilité. Celle-ci est définie par Purciel et al. (2006 :4) dans les termes suivants :
“Imageability: When specific physical elements and their arrangements complement each other, capture attention, evoke feelings, and create a lasting impression. Architecture that suggests importance, presence of historical buildings, and landmarks are the qualities of a place with high imageability”.
Avec le design urbain nous pouvons afficher les marques de notre histoire ou même les oublier. Donc, ce que nous voyons dans notre cas c'est la reconnaissance, par le design urbain, de l'importance de l'immigration chinoise et aussi la reconnaissance de leurs marques physiques dans la ville. Ainsi, le design urbain permet une territorialisation de la culture chinoise à Montréal
À l'échelle humaine, on pourrait dire que la rue est piétonne, ce qui assure que la conception et la taille des éléments physiques et leur échelle soient adaptées à l'individu, par exemple les proportions des façades. La transparence existe dans cette rue : on peut sentir la présence d’autres personnes et être en contact avec leurs activités. Les fenêtres permettent d'identifier les commerces et facilitent l'interaction avec les piétons par le biais des activités commerciales.
Même si le lieu possède de nombreux symboles, couleurs et décorations, la rue a une faible complexité architecturale. Les bâtiments sont presque toujours de la même taille, issant indifférents les passants, qui perçoivent la rue de la gauchetière comme un couloir dans cette partie du quartier chinois.
Le flux sur la rue n'est pas interrompu dans cet extrait du quartier chinois, cependant, la délimitation des frontières par les portails chinois marquent le paysage et indiquent qu'il s'agit d'un autre territoire. Par conséquent, dans cette partie de la rue de la Gauchetière, l'espace piéton est très bien défini car il est partialement interrompu seulement par de petits arbres et par les portails. L'espace pour la circulation piétonne est assez clair.
Cette rue est un lieu qui encourage le transport actif en particulier les déplacements à pied, cette forme urbaine permettrait de renforcer les coutumes, la culture et les activités culturelles. Cela peut ainsi être considéré comme un bon exemple qui atteste de l'existence de cinq éléments de design urbain (Clemente, Ewig , Handy, Brownson, 2005), contribuant à l'intégration et l'utilisation de l'espace.
Bibliographie
-Michel Max Raynaud et Pauline Wolff, Design urbain : approches théoriques. Volume 1 : Approches historique et conceptuelle, 2009. www.observatoire-sitq.umontreal.ca
- Observational Validation of Urban Design Measures for New York City. Field Manual. July 5, 2006. Prepared by: Marnie Purciel, Research Coordinator. 2006
-Les critères de design en faveur du transport actif : Otto Clemente, Reid Ewing, Susan Handy, et Ross Brownson (2005) Measuring urban design qualities. An illustrated field manual.
L’espace que vous décrivez dans votre article a fait l’objet d’une intervention qui illustre bien le rôle du design urbain comme stratégie de valorisation des espaces publics. Votre analyse, sur la base plusieurs déterminants environnementaux de la marche, confirme les résultats de cette mise en valeur. Ceci étant dit, il serait judicieux de souligner que la portée du design urbain est vaste et qu’elle dépasse le traitement de la voie à l’échelle de l’îlot (i.e. l’intervention sur la géométrie de la voie). La structure du corridor, le lien entre les quartiers, l’arrimage aux réseaux d’infrastructures… ce sont des paramètres tout aussi importants et qui amènent le praticien à travailler l’espace à des échelles différentes. Votre article donne en fait envie d’examiner les interventions sur la rue de la Gauchetière par rapport à ces autres échelles.
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